Projet mutation inter académique : le ministère récidive !

 

L’année passée déjà le ministère avait transmis un projet de mutation à l’ensemble des candidats au mouvement inter académique et souvenez-vous il avait transmis le projet de l’année précédente …
Cette année, il récidive et certains d’entre vous ayant fait une mutation inter académique viennent de recevoir un message du ministère.
La commission paritaire nationale n’ayant pas eu encore lieu, il ne peut s’agir que d’un projet. En effet, les commissaires paritaires n’ont encore pas siégé en commission et proposerons des corrections et améliorations. Rien n’est donc encore fiable.
Il faut assurément voir, dans l’entêtement de la publication de ce projet par le ministère, la volonté de contourner les CAPA1 pour en saper leurs légitimités.

Un statut garant de l’Intérêt Général2

Comme vous le savez la fonction publique est garante de l’Intérêt Général et pour permettre à chacun des agents qui la compose de le servir, un statut a été créé. En échange :

  • d’une mobilité contrainte (propriétaire de son grade mais pas de son poste),
  • d’une disponibilité importante car les contours des missions sont très fluctuants (43h par semaine en moyenne et jusqu’à 50h pour les enseignants)
  • d’une loyauté au principe d’intérêt Général,

ce statut offre certaines garanties afin de s’assurer du désintéressement de ses agents.

Pour cela, il les protège de l’arbitraire hiérarchique et politique en leur garantissant un emploi à vie, un déroulé de carrière et en évitant que d’autres que les usagers et l’état ne puissent profiter du travail de chacun.

Des instances paritaires pour contrôler le respect du statut

Les commissions paritaires, parce qu’elles ont lieu à chaque opération de carrière (avancement, promotion, mutation, détachement, …)  et regroupent à la fois des représentants du personnel et l’administration, garantissent la transparence, l’équité, … Elles sont un rouage essentiel sans lequel ce serait l’arbitraire qui s’imposerait petit à petit générant un conflit de loyauté à l’intérêt Général mortifère pour le service public. Comment alors résister aux injonctions d’une hiérarchie incompétente, à la folie des grandeurs ou pire aux idées politiques contraire à l’Intérêt Général (Fascisme, sexisme, …), si chacun de nous savait que l’avis de son supérieur hiérarchique était omnipotent pour les avancements, promotion, mutations, … et non contrebalancé par d’autres critères plus objectifs (ancienneté de service, âge, condition de service, …).

Un enjeu politique et idéologique3

Les gouvernements successifs depuis les années 80 ont été fortement marqués par des idées néo libérales qui souhaitent importer dans la fonction public un management fortement inspiré du privé. Leurs volontés sont la réduction du coût et de la place de l’état au profit d’un marché censé s’auto réguler pour fournir un service (d’intérêt général)  à but lucratif à la population. Les cadres intermédiaires (chef d’établissement, chef de services, IPR, …) sont progressivement transformés en « cost killer » tel que le préconise la nouvelle doctrine  « nouveau management public »4. Les outils qui sont déployés pour qu’ils y parviennent et malgré les travaux scientifiques5 les contestant sont : rémunération au mérite, management par objectif, amélioration de la productivité par le numérique et l’optimisation, annualisation des services, contournement des instances paritaires et démocratiques (CA, CAPA, …), …
Les dernières annoncent du gouvernement poursuivent dans cette voie avec une intensité et une violence inédite : préalable de réduction de 60 milliards et de 120000 postes de fonctionnaires à toute discussion, réduction du champ du service public, développement de la contractualisation, …
L’hospitalière a déjà fait les frais de cette politique néo libérale avec la mise en place de la tarification à l’acte, l’annualisation du travail (alternance 1 semaine le matin et une semaine l’après midi) et le résultat actuel : impossibilité de mener de front vie professionnel et personnelle, injonctions contradictoires (objectif productif instaurant une forme de maltraitance, …), épuisement professionnel (burn out) du personnel, service aux usagers dégradés, …

Les CAPA et les FPMA sont en premières lignes de ces attaques… car elles contestent cette idéologie néo libérale en confortant l’esprit de corps, l’avancement unique, l’objectivité plutôt que la subjectivité, la coopération plutôt que la compétition des agents, …

Vous pouvez compter sur les élus du SNEP-FSU Guadeloupe pour faire barrage mais nous avons besoin d’une profession rassemblée pour résister. Pour éviter que le service public d’Education ne soit démanteler et détourner de ses missions premières comme la fonction hospitalière,  la FSU appelle avec de nombreuses organisations syndicales tous les fonctionnaires à se mettre en  grève le 22 mars …

Soyons nombreux pour défendre le service public garant de l’Intérêt Général…

 

  1. Dussopt, O. Ministre Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics : « Le statut de la fonction publique mérite d’être assoupli
  2. Rouban, L. « Le statut des fonctionnaires comme enjeu socio-historique », Revue française d’administration publique, 2009/4 (n° 132)
  3. Alber, A. « Les nouveaux fonctionnaires », La vie des idées, 6 février 2018
  4. Bechtold-Rognon, E. Lamarche, T. « Manager ou servir », Editions Syllepse, 2011
  5. Chaptal, A. Lamarche, T. Normand, R. Payer les profs au mérite, « Comprendre et Agir », IRF, 102 p.

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